Comme nous l’avons vu précédemment le château de Versailles est un lieu où les savants se rencontrent et où les artisans les plus talentueux de leur temps s’exercent et développent leur art devant les exigences toujours plus grande du Roi Soleil. Tout naturellement le château de Versailles devient donc un lieu d’innovations technologiques qui voit l’apparition des premières études d’ingénierie.



Tout d’abord il faut noter un bond technologique dans la création des glaces, vitres et miroirs. En effet, la technologie de créations de ces produits a beaucoup évolué grâce aux besoins du château de Versailles. Entre 1680 et 1690, la technique se développe fortement. Avant, on utilise un chauffe à bois, sans machine, pour faire un modèle unique de glace par soufflage. Or, dès 1688, la création des vitres à changer : on coule le verre sur une plaque de métal puis on le lamine à l’aide d’un rouleau. Cette technique permet non seulement d’affiner la glace, de faire varier les formes mais aussi d’agrandir les surfaces vitrées d’au moins deux fois. Pierre de Francine, un ingénieur des fontaines met au point une machine à polir la glace, et pour cette invention, il obtient de Colbert ce que l’on peut appeler l’ancêtre du brevet, il a l’exclusivité de la technologie qu’il a ainsi créé pendant 30 ans. Cette machine assure un gain de productivité sans précédent : 24 glaces polies à la fois au lieu d’une seule.



La fabrication des canalisations évoluent aussi. Elles passent de modèle en bois à la durée de vie très limitée ou en plomb, à des modèles en fonte de pierre, à la taille standardisée à un mètre et sans soudures. On utilise alors une autre technique pour assembler les tuyaux : les joints.
La robinetterie connait elle aussi des changements, notamment grâce à la nécessité d’économiser l’eau à Versailles, l’eau étant une ressource très rare et le Roi appréciant énormément les fontaines. Afin, donc, d’économiser l’eau, des robinets sont installés sur les fontaines pour en faire varier le flux et pour qu’elles ne coulent pas à flot perdu.



Les méthodes de jardinage évoluent de même, les serres se perfectionnent dans les jardins d’acclimatations afin de satisfaire le Roi qui souhaite que tout un parterre de fleurs puisse être changé en une nuit, les jardiniers adoptent un nouveau modèle de manutentions des fleurs  les pots en grès.  Ces pots garnis de fleurs sont directement enterrés dans les plates-bandes du jardin, ce qui rend les changements beaucoup plus facile puisqu’il suffit de déterrer les pots et de les remplacer par d’autres, garnis de fleurs cultivées dans les serres du domaine.



Le chantier de Versailles est un chantier hydraulique autant d’un chantier de construction et c’est dans ce domaine qu’on constate le plus d’innovations.
En matière d’étanchéité les frères Francine innovent là aussi. Ils créent un système innovant pour garantir l’étanchéité des réservoirs d’eau.  Ils utilisent ainsi un mastic et une toile cirée pour créer une première couche imperméable sous les plaques de plomb forgées et soudées qui forment le réservoir.
La technologie des aqueducs en maçonnerie connait un bond. Les pluparts des aqueducs étaient encore réalisés en canalisation avec des siphons. Cependant devant le besoin toujours croissant d’eau à Versailles, les fuites se révèlent elles-aussi toujours plus importantes. On délaisse alors ce système de conduits à siphons pour réaliser des aqueducs uniquement en maçonnerie qui empêchent toutes fuites.
Les pompes et les machines pour élever l’eau et l’acheminer à Versailles sont améliorées afin de fournir des performances toujours accrues. Afin d’assurer un meilleur rendement on ajoute des chevaux pour les faire fonctionner ainsi que des nouveaux roulements, les conduites et les dimensions des charpentes sont agrandies. Une des réalisations les plus connues est la machine de Marly qui bien qu’elle utilise une technologie peu innovante se détache des autres machines alors construites par ses dimensions et son rendement : cette machine est construite sur trois niveaux, elle élève l’eau jusqu’à 163m du sol et rempli un réservoir de 112 000m3, elle actionne 259 pompes qui acheminent 4000m » d’eau par jour.