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Le financement et les ressources du chantier

A l’époque le chantier était financé par les deniers de la couronne. Le Roi a souvent recours à des réquisitions. Il édite des ordres qui somment les propriétaires de fournir tous les matériaux qui sont nécessaires au commencement des travaux. Il réquisitionne aussi bien les pierres de bâtisses en ruine que les cheveux et les bœufs nécessaires à l’acheminement des matériaux. Le tout a des prix jugés raisonnables raisonnable par l’intendance du Roi. Ainsi si les propriétaires refusent de céder les biens demandés par le Roi, ils sont contraints de force et n’obtiennent aucune forme de compensations. Le Roi s’octroie dans les carrières de la région (Nanterre, Saint-Cloud, Meudon, des Clayes) comme il le fait dans d’autres domaines, la priorité d’approvisionnement en payant comptant.



Au début de la construction les ressources matérielles viennent surtout de la Région Ile-De-France, des carrières de Montesson et les fours à brique de Louveciennes par exemple. Toute la région est mise à contributions pour la construction du château. La réquisition de matériaux ne porte pas seulement sur les matières premières mais aussi sur les produits finis par exemple en matière de vitres et de glaces. Etant donné la rareté de l’offre, le Roi s’accorde un droit de priorité sur les particuliers afin d’obtenir ces produits en premier. Ainsi, de la même manière que pour les particuliers si le fournisseur refusait de fournir en priorité la couronne, le prévôt chargé des achats pouvait recourir à un enlèvement d’office des produits finis.



La réquisition porte aussi sur la force ouvrière. De nombreux ouvriers et paysans viennent de toutes l’Ile-De-France afin de travailler sur le chantier car ils y sont en général mieux rémunérer que sur les autres chantiers. Seulement, quand il vient à manquer d’ouvriers qualifiés, autrement dit spécialisés, le Roi les fait réquisitionner auprès d’entrepreneurs : pour ouvrir la première carrière, on fait réquisitionne des tailleurs et fendeurs de pierres de Fontainebleau, à Sens, à Douai et à Joigny. Il est a noté que les ouvriers fuyards étaient ramenés de force sur le chantier.

Le dernier élément qui montre l’effort général demandé aux habitants de la région pour le château est l’obligation pour les Versaillais de loger les ouvriers du chantier à des prix raisonnables et à tous ceux qui possèdent des écuries de loger les chevaux des voituriers qui viennent des villes voisines à raison de un sol par nuit d’attache. Si le versaillais déroge à la règle, il peut être condamnée à raison de désobéissance.



Ainsi, le recrutement de la force ouvrière évolue réellement par rapport au modèle du Moyen-Âge. Alors qu’au début de la construction on se contente de la seule force de la région, il devient vite nécessaire de recourir à une mobilisation de la force ouvrière au niveau national tant pour la construction du château que pour la construction des outils, charrettes, brouettes, charriots, poulies nécessaires à la construction du château.

Par conséquent, il devient évident que les seules ressources de la région d’Ile-De-France ne suffisent plus à fournir toutes les moyens nécessaires à l’élaboration du château. Plus que ça, le Roi cherche à faire de Versailles, un lieu au sommet de l’art de et la finesse. Ainsi il ne peut se contenter des seuls artistes français. Les royaumes voisins ou récemment conquis sont aussi mis à contributions.



Dans toute l’histoire de la construction de château, le chantier de Versailles se distingue ainsi par l’abondance de main-œuvres et de produits étrangers dans son élaboration. Ainsi, le château suit les pas de la construction de cathédrales qui sont jusqu’alors les seuls monuments qui ont eu recours à des denrées rares en provenance d’autres pays européens. A l’époque, il existe un marché, certes peu étendu, de spécialistes de techniques rares qui sont mis à contribution dans l’élaboration de monuments ou d’œuvres originales. Cependant la mobilité géographique à l’époque est longue et de ce fait limitée. Qu’à cela ne tienne, le Roi fait venir de tout par les talents, les matériaux et mêmes les plantes rares qu’il juge nécessaire. Versailles devient un pôle européen majeur pour les artistes étrangers, mais aussi un pôle de formation pour ceux-ci car l’architecture et les œuvres de Versailles en font un lieu d’apprentissage d’une richesse incomparable. De plus, comparé à nombres de royaume étranger, le royaume de France se distingue par son ouverture sur l’étranger ce qui a pour résultat de faire venir volontiers les experts, artistes et savants dont le royaume a besoin pour son grand chantier.



Le royaume d’Italie est celui qui fournit le plus de savants : on peut citer la famille Francini qui créera pour Henri IV, Louis XIII et Louis XIV de nombreuses fontaines ; les sculpteurs Caffieri, Temporiti, Bernin ; Dominico Gucci qui réalise de nombreuses serrures et balustrades en bronze ; les miroitiers de Venise fournissent nombres de glace, et Venise est également mise à contribution dans la construction du Grand Canal en envoyant des gondoliers et des charpentiers, par la suite le Sénat offre deux gondoles dorés au Roi pour la circulation sur le canal ; la ville de Gênes envoie des matelots ; les italiens Vigarini et Torelli sont recrutés pour organiser des fêtes et des feux d’artifices au château ; la ville de Milan fournit de nombreuses tentures et brocards.

L’Italie n’est cependant pas le seul royaume mis à contribution :  Les Flandres (à peine conquises) fournissent elles aussi des spécialistes comme Jean Bette qui est chargé de l’étanchéité des réservoirs d’eau de Versailles ; d’Amsterdam viennent les bois pour la construction du Grand Vaisseau qui naviguera sur le canal ; de Hollande les frères Dambresnes qui sont chargés de la culture des tulipes et des oignons à fleurs.
Des animaux et des métaux rares sont aussi importés de Suède, d’Angleterre et du Danemark. D’Espagne, d’Autriche, d’Amérique et de Grèce proviennent de nombreux, arbres, arbustes et plantes rares qui sont importés elle-même de régions conquises par ces royaumes.

On peut noter que de manière général les ouvriers et matelots étrangers sont bien mieux traités que les français.



Après la révolution française et la chûte de la monarchie l'avenir du château de Versailles est questionné. L'endroit est pillé lors de l'inssurection des révolutionnaires, le mobilier est vendu aux enchères, les oeuvres d'art sont transportés au Louvre. Cependant après les premiers tumultes de la révolution, tous les penseurs s'accordent à dire que Versailles fait partie du patrimoine national et qu'on se doit de le conserver car il est une preuve du savoir-faire et de la grandeur de la France. De plus, les Rois très férues de sciences ont accumulé au château nombres d'objets savants comme une horloge acquise par Louis XV qui fonctionne toujours aujourd'hui et fonctionnera jusqu'en l'an 9999 ! L'ultime roi de France, "roi des français" Louis-Philippe fait du château le "musée à toutes les gloires de la France". Jusqu'à la IIIème République, la salle des Congrès, l'Assemblée et le Sénat se tiennent à Versailles. C'est en 1879 qu'est voté une loi pour retransférer les instances de l'administration à Paris. René Coty (4ème République) est le dernier président à être élu Président à Versailles.



Aujourd’hui, les fonds pour les rénovations et l’entretien du château est assuré par le produit des visites et diverses expositions au château mais aussi par les fonds des musées de France ainsi par l’Etat car le château est inscrit au patrimoine mondiale de l’humanité par l’UNESCO depuis 1995.

Le mécénat tient aussi une place importante. On peut citer l’intervention de l’Oréal dans la restauration du Cabinet de bain de Louis XV, ainsi que l’entreprise KPMG qui a fourni des fonds dans l’achat qui a permis la restitution de pièces de la vaisselle royale perdues à la révolution. La BNP Paribas a également financé la rénovation de tableaux dans le Salon d’Hercule.
Le château de Versailles est aussi connu par les étrangers que la Tour Eiffel, il est le symbole de la magnificence française, du raffinement à la française mais aussi du faste. La majorité des visiteurs, et cela à tout moment de l’année, est des étrangers d’Europe et d’Asie. Les asiatiques qui accordent énormément d’importance au luxe et à la culture française représente une bonne part des visiteurs du château.



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